Roberval

La paroisse de Roberval fut fondée en 1855 avec l’arrivée de pionniers tels que les Jamme, les Boivin et les Thibeault. Dans les tout premiers temps de cette paroisse, Thomas Jamme établit une scierie et un moulin à farine sur la Rivière Ouiatchouanish. Ces établissements contribuent au peuplement rapide de Roberval et l’arrivée du chemin de fer, en 1888, propulse Roberval comme le cœur du Lac Saint-Jean1 . Le chemin de fer apporte un essor sans précédent à la ville et aux paroisses environnantes à un point tel, qu’en 1901, la population jeannoise compte environ 20 000 individus, ce qui représente 56 % de la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean2 . Cependant, avec l’augmentation d’une population viennent aussi les conflits. Ainsi, le besoin de structures judiciaires se fait très tôt sentir.

Jusqu’en 1860, l’appareil judiciaire est concentré à Chicoutimi. Ainsi, tout le monde doit nécessairement se déplacer dans le Chef-lieu pour obtenir justice. Il en va également de même pour les habitants du Lac-Saint-Jean puisque nous dénotons une absence de représentation judiciaire jusqu’en 1861. Cette année-là, une Cour des commissaires est instaurée dans la paroisse de Notre-Dame d’Hébertville.

En 1867, l’acte de la Confédération est établi au Canada et avec ceci, des changements sont amenés dans l’appareil judiciaire. Les Cours de magistrats3 font leur apparition dans le district4. La Cour de magistrats du comté de Chicoutimi est établie dans trois paroisses au Lac-Saint-Jean, dont une, à Hébertville en 1872. Roberval devra attendre que la corporation municipale vote une résolution le 2 décembre 1872 afin d’en obtenir une. La résolution de 1872 prévoit la construction d’un bâtiment pouvant accueillir un Palais de justice5. En attendant que la cour y aménage ses bureaux, en 1873, les magistrats siègent dans la maison du notaire Dumais. La majorité des causes entendues par cette cour concernent des cas de dettes et est présidée par le

Palais de justice de Roberval - Aujourd'hui

Palais de justice de Roberval -Autrefois

juge Francis-Herman O’Brien6. La cour siège du 20 au 22 des mois de février, juin, septembre et décembre7, ce qui équivaut à douze jours par année. Ainsi, les Jeannois doivent fréquemment se déplacer à Chicoutimi pour accéder à l’appareil judiciaire.

De plus en plus, les citoyens du comté du Lac-Saint-Jean font des demandes afin d’obtenir l’équivalent de l’organisation et des structures judiciaires mises en place à Chicoutimi. De 1902 à 1904, la presse locale dénonce les conditions auxquelles les habitants du comté doivent faire face pour se faire entendre en justice8. Par cela, nous entendons les conditions médiocres des routes et l’éloignement du chef-lieu, Chicoutimi.

En 1904, la loi 158 est votée et donne raison aux Robervalois. Cette loi décrète que « tous les pouvoirs et les attributions des juges en chambre doivent s’exercer aussi bien à Roberval qu’à Chicoutimi pour les affaires qui concernent le comté du Lac-Saint-Jean »9. Cette loi sera applicable à la seule condition que la ville se dote d’un établissement pouvant accueillir les représentants de la Cour supérieure. Le 22 janvier 190610, le juge J.A. Gagné tient la première séance pour la Cour supérieure de Roberval dans la maison Roy.

Alors que la mésentente règne à Roberval, la construction du palais de justice prend du retard, problèmes monétaires et mésententes entre entrepreneurs sont montrées du doigt. Le palais n’étant pas achevé, la première séance du juge Gagné se déroule dans la maison de la veuve Roy11. La maison fut consacrée en Hôtel de Ville en 190512 et jusqu’à la fin de la construction du Palais de justice en 1911, les séances sont tenues dans cette maison.

Complété en 1911, le Palais de justice de Roberval permet enfin l'émancipation de la population jeannoise d’un point de vue judiciaire. Le district judiciaire de Roberval est formé officiellement en 1912 et accueille la Cour de circuit, la Cour supérieure et la Cour du banc du roi13. Le contrat pour la construction de la prison a été octroyé le 5 décembre 191014 et son érection se termina au courant de l’année 1912. Les bureaux furent ouverts le 15 juillet 1912, le premier shérif fut George Lévesque et le premier geôlier, Joseph Otis. En septembre 2007, le gouvernement a annoncé la construction d’une nouvelle prison à Roberval. Celle-ci deviendra le centre de détention régional et sa construction devrait être terminée en 2014.

La Ville de Dolbeau-Mistassini ( anciennement Ville de Dolbeau et Ville de Mistassini ) et la Ville de St-Félicien font parties du district de Roberval.

Bibliographie
01.Il faut dire qu’en 1888, Roberval était la seule paroisse de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean à avoir le chemin de fer la reliant à Québec. Chicoutimi devra attendre jusqu’en 1893 pour que la ligne se rende jusqu’à son quai.
02. Ce qui n’arriva pas souvent dans l’histoire de la région puisque la population saguenéenne reprendra le dessus par la suite.
03. Établit en 1869 par l’acte 32 Victoria, chapitre 23, article 13. Cette cour traite les demandes personnelles et mobilières résultant de contrats ou de quasi-contrats. La valeur réclamée doit être inférieure à 25 dollars pour que la cour accepte la cause.
04. CLAVEAU Lina, l’administration judiciaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean, p.15.
05. ROSSEL Vien, Histoire de Roberval, p.86-87.
06. Ibid., p. 87.
07. Ibid., p. 86.
08. CLAVEAU Lina, l’administration judiciaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean, p. 16.
09. Ibid.
10. ROSSEL Vien, Histoire de Roberval, p. 168.
11. Ibid., p. 162.
12. CLAVEAU Lina, op., cit., p. 16.
13. GOULET Laurie et GIRARD Camil, l’administration de la justice au Saguenay-Lac-Saint-Jean, www.encyclobec.ca/main.php?docid=406
14. ROSSEL Vien, op., cit., p. 165.

Textes et références : Vanessa Morin, Bachelière en histoire, UQAC