Au moment où Chicoutimi devient le Chef-lieu du comté, le canton de Jonquière avec quelque 300 âmes1 n’a pas la population nécessaire pour former son conseil local2. Ainsi, le canton de Jonquière fait partie de la paroisse de Chicoutimi jusqu’en 1866.
Pour rendre la justice accessible aux résidents, une Cour des commissaires est établie à Jonquière. Le modèle de cette cour est propre au monde rural et est présidé par des citoyens n’ayant aucune formation juridique3. Les causes réclamant plus de 25 dollars doivent être entendues à Chicoutimi.
En 1918, la Cour des commissaires est remplacée par la Cour de magistrat et les causes sont entendues dans l’édifice Lefrancois. Le 15 août 1975, l’édifice Marguerite Belley est inauguré et les séances de la Cour de magistrat y sont transférées.
Depuis quelques années, le Palais de justice de Jonquière est très peu utilisé. En fait, il n’y a plus de célébrations de mariage ni de petites créances4. Bien qu’un comité5 ait été mis en place par le Barreau du Saguenay-Lac-Saint-Jean et qu’un second comité6 l’ait été plus récemment par le député Sylvain Gaudreault, il appert que les audiences de la Régie du logement sont celles qui, actuellement, occupent principalement la salle d’audience, et ce, malgré l’engagement du ministre de la Justice de maintenir les services judiciaires à Jonquière.
Marguerite Maltais-Belley est considérée comme la fondatrice de Jonquière. Nous attribuons à cette femme et à deux de ces fils, Thomas Maltais et Léandre Maltais7, le déchiffrement de terres et la construction de la première cabane à la Rivière-aux-Sables, l’un de ses autres fils, Romuald, s’établissant plutôt à Alma. La veuve Belley quitta, vers 1853, le Saguenay pour retourner à Charlevoix et laissa dans la région quatre de ses enfants. La descendance de Marguerite Belley est de nos jours encore bien présente dans la ville de Jonquière.
Le 15 août 1975, l’établissement8 qui accueillit le Palais de justice de Jonquière fut nommé en son nom. D’ailleurs, le 15 décembre 2000, l’un de ses descendants de la 5e génération, Maître Jean-François Maltais, y fut assermenté. Il s’agissait d’ailleurs de la première assermentation à y être célébrée. Me Maltais, dont le grand-oncle, avocat émérite et célèbre écrivain Georges Larouche a connu une brillante carrière s’échelonnant sur une trentaine d’années à Jonquière, a établi son étude dans un immeuble sis sur la rue Saint-Dominique à Jonquière, connu comme étant l’immeuble Gertrude Belley, également descendante de la fondatrice de Jonquière.
FEU THOMAS MALTAIS
M.Thomas Maltais, cultivateur de Notre-Dame de Jonquière, dont nous annoncions le dangereux état dans notre dernier numéro, est décédé vendredi matin, le 17 courant, à l’âge de 59 ans. Le défunt naquit à La Malbaie le 8 décembre 1830 et était le fils de feu Jean Maltais. Il était le frère de M.Romuald Maltais de St-Joseph d’Alma.
M.Thomas Maltais fut le premier colon de Jonquière qui vint s’établir sur les terres qu’il occupait encore à sa mort., à l’âge de 18 ans. C’est là qu’à force de travail et d’économies, il réussit à amasser une jolie fortune. Propriétaire d’une des plus belles fermes du Saguenay, il aimait la culture et y consacrait tous ses efforts.
M.Maltais laisse une épouse, deux garçons, MM. Jean et Louis Maltais, et deux filles dont l’une est en noviciat dans une communauté de Montréal.
Le défunt jouissait de beaucoup de considération dans le comté et était généralement estimé, Chrétien aussi fervent que sincère, il ne manquait aucune circonstance de faire le bien et surtout des œuvres charitables.
Les funérailles de M.Thomas Maltais ont eu lieu lundi matin, à Jonquière. Tous les paroissiens avaient abandonné leurs travaux pour assister aux funérailles de celui qui, le premier, avait fait des défrichements à Jonquière. Plusieurs citoyens de Chicoutimi assistaient aussi au service.
M.Louis Maltais, cousin du défunt, portait la croix et les coins du poêles étaient tenus par MM.Louis Maltais, maire de Laterrière, Césaire Fortin, Lévis Bergeron, Joseph Tremblay, Henry Maltais, Alfred Maltais, Gonzague Jean et Louis Bergeron, tous cultivateurs de Jonquière. Le deuil était conduit par les fils du défunt.
La levée du corps fut faite à la salle publique par le révérend M.Almas Larouche, un enfant de la paroisse. Le service fut chanté par le révérend M.Kérouack, curé ; Mme Hubert Kérouack touchait l’harmonium et M.Liguori Bergeron a chanté le cantique « Il faut mourir ».
Bibliographie
01. BOUCHARD Russel, Histoire de Jonquière : cœur industriel du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
02. Ibid., p. 105
03. KOLISH Evelyn, Guide des archives judiciaires, Archives nationales du Québec, p.65
04. Le Quotidien, 7 septembre 2011.
05. Composé entre autres de Me Jean-François Maltais
06. Ibid
07. BOUCHARD Russel, op., cit., p. 89.
08. Réalisé selon les plans de l’architecte André Brassard, de Jonquière
Textes et références : Vanessa Morin, Bachelière en histoire, UQAC